LA MAISON DES FEMMES DE PARIS Le terrorisme, c'est le patriarcat !
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Le terrorisme, c'est le patriarcat - et vice-versa Dès le soir du 11 septembre, on nous dit, comme d'habitude, ce qu'il fallait en penser : le monde ne serait plus jamais comme avant. Les Etats-Unis avaient connu la terreur à domicile. Des "Etats-voyous", dont des alliés de la veille, ne respectaient décidément pas les règles du jeu géopolitique telles qu'instituées par les grandes puissances. A partir de là, on pouvait conclure différemment : soit il fallait changer radicalement les règles dudit jeu, qui ne provoquait que des catastrophes (conclusion adoptée par Les Pénélopes, entre autres); soit il fallait employer des moyens encore plus violents pour les imposer. Dans le premier cas, le monde pouvait changer de façon positive. Dans le second, il ne changeait pas; il continuait sa marche vers toujours plus de discriminations et de violences. Le gouvernement des Etats-Unis a sans hésiter opté pour la seconde solution, sans que l'Europe lui oppose de réelle résistance. Les ennemis de l'heure étant indéfendables, il fut plus facile que jamais de déguiser la défense de ses intérêts en "croisade" contre des forces obscures. Sans vergogne, les Afghanes furent prises en alibi : on allait les libérer de leurs oppresseurs. Elles furent nombreuses à croire que le monde ne serait plus jamais comme avant. Un an après, elles attendent encore la plus grosse partie de l'aide financière promise. A quand la reconstruction, la démocratie, le respect de leurs droits ? Ce n'est plus le problème des gendarmes du monde, dont l'intérêt s'est porté ailleurs. Il est d'usage, quand il y a "choc" ou "crise", d'appeler les citoyen-nes à la discipline : il convient de mettre en veilleuse critiques et revendications pour se rallier à la "cause" du pays (ou du bloc géopolitique). Le plan n'a cette fois pas tout à fait fonctionné. Aux Etats-Unis même, des voix s'élèvent pour dénoncer l'exploitation du 11 septembre pour justifier des atteintes aux droits civiques, masquer une politique discriminatoire à l'égard des pauvres et un retour à l'ordre moral. Les mouvements sociaux n'acceptent pas leur criminalisation. Jamais on n'avait vu un tel rapprochement des forces d'opposition, au plan international. Mais il s'agit de ne pas reproduire les schémas imposés par ceux que nous combattons. Les femmes, premières victimes des conflits, des inégalités, du recul des libertés, portent aussi des résistances et des alternatives. L'expérience de la solidarité au quotidien, pour la survie, a inspiré des initiatives construites. Beaucoup de femmes dans le monde ne veulent plus panser les plaies et parer aux urgences, mais devenir forces de proposition. Elles en ont les compétences : il suffit d'entendre leurs voix. C'est cette analyse féministe du libéralisme que Les Pénélopes défendent. Comment construire un monde juste, si le système de domination le plus extrême le patriarcat- continue à régner dans la première cellule sociale, la famille ? Comment combattre les exclusions, si la moitié de l'humanité reste interdite de décisions ? Comment mettre fin à l'exploitation, si on tolère que le corps des femmes soit considéré comme une marchandise ? L'ordre mondial, et donc le libéralisme, est bâti sur l'ordre patriarcal. A partir de la première inégalité femmes/hommes peuvent s'épanouir toutes les oppressions, tous les systèmes de domination. Ne restons pas dans le piège de cette division ancestrale ! Un autre monde est possible, oui - s'il est pluriel ! Les Pénélopes 10 septembre 2002
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