LA MAISON DES FEMMES DE PARIS

Le programme du FN contre les femmes

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Appel urgent à solidarité

 

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La préférence nationale, la préférence familiale, et l’ordre moral sont les trois piliers du programme du FN[1].

 

La préférence nationale.

                       

-         En matière d’emploi, c’est la priorité d’embauche donnée aux Français/e/s, mais c’est aussi la priorité de licenciement imposée pour les immigré/e/s, et l’instauration d’« un système de taxation du travail étranger » très dissuasif pour d’éventuels employeurs. 

-         En matière de solidarité, l’attribution des logements sociaux, des allocations familiales et des aides sociales seraient exclusivement réservées aux Français/e/s.

-         En matière de citoyenneté, le FN veut supprimer l’acquisition automatique de la nationalité française, et le droit de vote et d’éligibilité des ressortissant/e/s européen/ne/s aux élections municipales et européennes.

-         En matière d’immigration, le FN prévoit de mettre fin à toute immigration légale, et donc d’abroger le « regroupement familial en France » – ce qui atteindrait directement les femmes - , de limiter le droit d’asile aux « seules personnes persécutées du fait de leur engagement politique » : les femmes persécutées en raison de leur sexe ou sexualité en seraient évidemment exclues - , de renforcer des polices aux frontières, et de multiplier les contrôles d’identité afin d’expulser sur-le-champ tous les étranger/e/s en situation irrégulière. Pour les sans-papières, ce serait évidemment un retour vers un pays qu’elles ont fui souvent en raison de violences sexistes et lesbophobes. 

-         Le FN veut enfin abroger les lois protégeant les étranger/e/s contre les discriminations racistes et xénophobes.

 

La préférence nationale, c’est donc la mise en place d’un système social exclusif et discriminant, sur des bases nationalistes et xénophobes. C’est aussi l’incitation à la haine raciste et xénophobe par la diffusion d’amalgames abusifs entre immigration et chômage, et entre immigration et délinquance.

La préférence nationale n’est évidemment pas une atteinte aux droits des seules femmes étrangères, elle touche aussi les hommes étrangers. Cependant, les femmes étrangères, immigrées et sans-papiers subissent des discriminations cumulées, à la fois racistes et sexistes. Les mesures nationalistes voulues par le FN auraient donc des conséquences d’autant plus graves pour elles que ce sont des femmes.

La préférence familiale.

 

C’est une politique nataliste qui se compose de deux volets, un volet répressif et un volet incitatif.

            Le volet répressif nie le droit des femmes à disposer de leur corps et à choisir leur vie, notamment par :

·        L’abrogation des lois sur l’IVG : et donc par la remise en question de l’avortement facilité aux mineures, de la distribution de la pilule du lendemain dans les établissements scolaires, et de l’allongement du délai légal pour avorter.

·        Le FN prévoit aussi d’inscrire le droit à la vie, dès la conception, dans la Constitution. Le fœtus, dès sa conception, sera donc considéré comme une personne humaine, ce qui ouvre la voie à des pénalités très sévères contre les femmes qui avortent.

·        Comme solution alternative à l’avortement, le FN veut instaurer l’adoption prénatale, ce qui permettra à tout couple marié, hétérosexuel et français, d’adopter l’enfant à naître d’une autre femme. Les femmes sont ainsi réduites à un rôle de mères-porteuses, et cela évidemment sans aucune indemnité.

 

Le volet incitatif comprend des avantages pour les familles dites légitimes, et françaises : 

·        Des aides sociales et des allocations familiales.

·        L’instauration d’un « prêt familial au logement » dont le remboursement serait différé à chaque nouvelle naissance.

·        L’instauration d’un système de retraites favorisant les parents de familles nombreuses.

·        L’instauration d’un revenu parental d’éducation, autrefois appelé salaire maternel, qui doit permettre aux parents de se consacrer à plein temps à l’éducation de leurs enfants. Mais étant donné l’inégalité des salaires et le poids des traditions, on sait bien à quel parent reviendrait le devoir de rester au foyer ! D’ailleurs, c’est uniquement pour les femmes que sont prévus les aménagements du temps de travail qui les contraignent à une double journée de travail : et professionnelle et domestique. La question n’est jamais posée pour les hommes. La volonté de renvoyer les femmes au foyer est donc toujours présente dans le programme du FN.

Ce revenu parental d’éducation est aussi une mesure qui discrimine les enfants entre eux. Pour le FN, la vie des deux premiers enfants vaut en effet trois ans de salaire, alors que la vie du troisième enfant en vaut 18. Le revenu parental d’éducation est donc clairement une mesure nataliste poussant à la naissance d’un troisième enfant, et même d’un quatrième (si les naissances sont bien programmées, ce revenu d’éducation  peut être versé jusqu’à l’âge de la retraite).

·        La création d’un statut pour les mères de familles françaises. Il s’agit non pas de donner à l’ensemble des femmes, mariées ou célibataires, avec ou sans enfants, des droits attachés à la personne, des droits propres et individuels, mais de leur donner des droits en fonction de leur rôle social de mère de famille. Le programme du FN ne fait aucune place aux femmes en tant qu’individues autonomes.

·        L’instauration du suffrage universel intégral, anciennement appelé vote familial, permet aux parents d’exercer le droit de vote de leurs enfants mineurs. Le suffrage universel intégral donne donc le droit aux parents d’usurper la volonté politique de leurs enfants mineurs, et il nie toute conscience politique et toute autonomie des mineur/e/s vis-à-vis de leur famille.

 

La préférence familiale, c’est donc cette politique nataliste qui vise à soutirer aux femmes françaises le plus de naissances possible, à renforcer la structure familiale traditionnelle, à restreindre la liberté et les droits des femmes, à légitimer leur appropriation, à les réduire et à les contraindre à un rôle de procréation et d’éducation.

La préférence familiale, c’est aussi une valorisation et une consolidation de la famille traditionnelle, ce qui implique l’invisibilisation, voire la négation des violences domestiques des hommes envers les femmes, violences qui d’ailleurs ne sont jamais évoquées lorsque le FN parle d’insécurité.

 

Enfin c’est un programme d’instauration de l’ordre moral.

Par sa promotion exclusive du mariage, de la famille traditionnelle et de l’hétérosexualité reproductrice, le FN entend instaurer un ordre moral, familial et sexuel traditionnel. C’est pourquoi il prévoit d’abroger le PACS qui n’a pour but, selon lui, que d’encourager les « comportements déviants » des lesbiennes et des homosexuels. Le FN s’oppose ainsi clairement aux droits des lesbiennes et des homosexuels.

De plus, le FN veut mettre en place des avantages sociaux et fiscaux en faveur de ce qu’il appelle « les foyers légitimes », et donc discriminer les femmes célibataires, divorcées, les femmes vivant en union libre et les lesbiennes, même si elles ont des enfants à charge. Car, les enfants naturels constituent pour le FN « un facteur de fragilité sociale ».

D’autres mesures sont aussi prévues par le FN pour renforcer la famille patriarcale et le système de domination des hommes sur les femmes. Il s’agit notamment de la remise en cause des lois simplifiant les formalités de divorce et permettant la séparation par consentement mutuel. Le FN ne tient évidemment pas compte des violences subies par les femmes au sein du couple qui poussent dans de nombreux cas les femmes à demander le divorce.

Dans cette même perspective patriarcale, le FN condamne la loi réformant l’attribution du nom patronymique qui permet aux femmes de transmettre leur nom, ainsi que la loi sur la filiation qui permet aux femmes mariées de contester la paternité du père de leur enfant et de le reconnaître sous leur nom propre. Les femmes et les enfants, selon le FN, appartiennent aux hommes et doivent donc porter  leur nom.

 

L’ordre moral allié à la préférence familiale, pour les femmes, c’est donc l’adoption obligée d’un mode de vie hétéronormé fondé sur la famille traditionnelle et patriarcale.

 

Pour assurer cet ordre moral exclusif et contraignant, le FN entend éduquer les esprits en instaurant une pensée unique alimentée par une culture unique. Le FN rappelle en effet dans son programme l’existence d’une « véritable culture française » supérieure aux autres. On se doute bien que les cultures issues de l’immigration et les expressions culturelles féministes et lesbiennes ne feraient certainement pas partie de cette « bonne » culture ; et que l’histoire des femmes ne serait pas non plus mise en valeur dans l’enseignement lui aussi normalisé.

            Dans ce même esprit de répression, le FN prévoit de  sanctionner les manifestations publiques, les films, les publicités et les émissions audiovisuelles incitant à la débauche. L’expression des cultures féministes et lesbiennes, de notre histoire et de nos revendications, puisque inspiratrices de liberté et d’autonomie, pourraient alors être aussi considérée comme du prosélytisme, voire des manifestations pornographiques incitant à la débauche, et donc censurée et sanctionnée au nom de ce principe.

           

Par sa volonté de restaurer un ordre naturel, familialiste et hétérosexiste, le programme du FN renforce les valeurs dominantes et oppressives de l’hétéropatriarcat, et notamment la misogynie, le sexisme et la lesbophobie.



[1] « Le Front National, un programme pour gouverner » sur http://www.front-national.com

Programme en six grandes parties : Identité (famille, immigration, enseignement, environnement), Souveraineté (politique étrangère, Europe, institutions, Mer & Outre-Mer), Sécurité (justice & police, défense), Prospérité (économie, fiscalité, entreprise, agriculture), Fraternité (emploi, social, santé), Liberté (de la culture, des citoyens).

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Dernière modification : 26 novembre 2002