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Prostitution : le Nid

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Prostitution : Communiqué association Le Nid

La relégation des personnes prostituées à l'ordre du jour (13 juillet 2002).

On assiste depuis quelques semaines à une résurgence des discours tendant à faire supporter de fait toute la culpabilité de la prostitution sur les personnes prostituées elles mêmes. Devant les protestations des riverains au sujet des nuisances provoquées par l'activité prostitutionnelle, les pouvoirs publics ont en effet choisit la mise à l'écart des acteurs les plus faibles du système.

Déjà, plusieurs municipalités ont pris des mesures de harcèlement. On a également ressorti les arguments éculés en faveur des maisons closes. On comprend l'agacement des riverains, mais on ne voit pas comment vouloir repousser sans cesse la prostitution vers d'autres quartiers, d'autres villes, d'autres pays puisse constituer une amorce de solution. On sait pourtant, les exemples historiques ou actuels le montrent abondamment, que le proxénétisme tire toujours profit de l'enfermement ou de la mise à l'écart des personnes prostituées. Ces véritables mesures de relégations donnent l'illusion que le système prostitutionnel est maîtrisé. En réalité la marginalisation des personnes, et la chape de plomb qui cherche à occulter la prostitution, les rendent encore plus vulnérables. 

Ces discours sont d'autant plus choquants qu'ils visent essentiellement les victimes de la traite des êtres humains. Ainsi le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a annoncé le 10 juillet 2002 la préparation d'un projet de loi d'expulsion des prostituées étrangères ! Ce sont ainsi en premier lieu les victimes d'un trafic immonde qui sont punies au nom de la tranquillité publique.

Injuste, ce projet est également absurde : vu l'importance des profits en jeu, comment imaginer que les proxénètes renoncent à faire venir en France ces jeunes femmes de l'Est ou d'Afrique ? D'autant plus que, fragilisées par cette clandestinité imposée, ces femmes seront encore moins en mesure de s'échapper de leur emprisonnement. 

Plutôt que d'étudier les exemples étrangers, telle l'Italie où le permis de séjour est délivré en échange de la participation à un programme d'assistance et d'intégration sociale, on traite ces personnes en parasites et on les rejette dans les mains des proxénètes.

On nous dit que la prostitution est trop visible. Mais en ce domaine la cécité entraîne indifférence et mépris. Le fait que la prostitution soit publique a au moins le mérite de rappeler à nos concitoyens qu'elle existe, et qu'elle s'accompagne généralement de détresse.

La non clandestinité, donc l'absence de pénalisation, des personnes prostituées est le préalable indispensable à toute mesure de prévention, à toute action en profondeur des associations et des services sociaux, à toute réflexion politique sur la prostitution, quelle que soit l'opinion que l'on peut avoir à ce sujet.

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Dernière modification : 26 novembre 2002