LA MAISON DES FEMMES DE PARIS

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PREAMBULE

 

 

C’est l’histoire réelle d’une jeune fille de 15 ans qui habite dans un quartier du 15ème arrondissement de Marseille. Elle a fait pour la première fois l’amour avec un homme de 6 ans son aîné. De jeune adolescente, elle est devenue femme, transition dans le monde des adultes que l’étape de la défloraison inscrit irrémédiablement dans l’histoire particulière de chacune des femmes. On se souvient ; on en parle pudiquement avec douceur, effroi ou malaise mais toujours avec en tête que c’était la première fois. Avant il y avait le rêve, le scénario que l’on a toujours eu en tête et qui s’est affirmé au fil des ans. Il sera ce prince charmant ou cet inconnu qui partira sur la pointe des pieds pour laisser la place au grand amour, le vrai, celui que l’on a imaginé. Après, c’est différent. On essaie de coller le rêve à la réalité ou d’imaginer une réalité en fonction des rêves que l’on s’est fabriqués.

 

Cette jeune fille devenue femme s’est donnée à cet homme, le premier. Le don de soi est l’une des composantes de l’histoire des premières amours, composante qui s’analyse peu faute d’être prise au sérieux par l’analyse scientifique, politique ou judiciaire. Généralement, l’observation rigoureuse des pratiques retient de l’histoire amoureuse entre deux personnes la relation sexuelle et non pas le fait d’aimer ou d’avoir aimé. État difficile à prendre en compte, subjectivité d’une action (aimer) qui repose autant sur l’imaginaire que la réalité. C’est quoi l’amour ? Effeuiller une marguerite (un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout), l’idée d’une vie meilleure (à deux c’est plus facile), le cœur qui bat plus vite (je sens que c’est lui ou elle), les pupilles qui se dilatent (j’ai envie) ? Une histoire à deux qui pourrait commencer, une relation intime entre deux personnes.

 

Ce que les contemporains de l’analyse nomment « sérieux » concerne le déroulement de l’action, le contexte de l’énonciation, la présence et l’absence des acteurs, le nombre des acteurs et le type d’interactions. En cas de litige, de conflit ou de violence, l’amour n’est ni quantifiable ni défendable.

 

Le fait que cette jeune fille aimait cet homme n’est pas un critère pris en compte par les autorités assermentées. On veut savoir s’il y a eu sodomie forcée, le nombre de fellations imposées et les autres pénétrations non désirées. Combien ? Avec qui ? Où ? Quand ? Comment ? Elle voulait ou elle ne voulait pas ? Si elle ne voulait pas, pourquoi elle a accepté des relations avec des hommes qui le lui imposaient ? Elle avait des rendez-vous, non pas des rendez-vous avec son amoureux, mais des rendez-vous avec des hommes qu’elle ne connaissait pas dans des hôtels, des caves et des cages d’escaliers. Elle allait à ces rendez-vous et elle ne gagnait pas d’argent ; lui, elle ne sait pas. Elle est juste sûre d’une chose : elle ne comprend pas ce qui s’est passé. C’était son premier homme, elle avait confiance, il l’a trahie. Elle a eu peur d’avoir le sida, alors elle a fait un test. Il était négatif. Elle l’a dénoncé, a porté plainte ; ils ont recueilli les informations, elle a déménagé.

 Elle a quitté son quartier pour tenter de refaire sa vie. C’était sa première histoire d’amour.

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Dernière modification : 26 novembre 2002