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Chronologie de la recherche

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IV - CHRONOLOGIE DE LA RECHERCHE

 

Les huit points de la chronologie proviennent d’informations médiatiques recueillies dans Le Monde, Libération, Le Nouvel Observateur, Marianne et Télé Monte-Carlo.

 

Une commission sur le phénomène de la tournante est créée au sein du Collectif 13 Droits des Femmes après acceptation du projet de recherche en Assemblée Générale par l’ensemble des associations, partis politiques et représentants syndicaux du collectif. Cette commission a réuni régulièrement entre les mois de décembre 2001 et juillet 2002 les représentantes des associations directement partenaires, à savoir : le Mouvement Français pour le Planning Familial représenté par Annette Guidi, SOS Viol par Christiane Berthelot, le Collectif 13 Droits des Femmes par Judith Martin-Razi et la chargée de cette recherche Béatrice Sberna pour l’association commanditaire Collectif 13 Droits des Femmes.

 

En dehors de la commission, les associations SOS Femmes et le Centre d’Orientation, de Documentation et d’Information des Femmes (CODIF) ont été particulièrement actifs dans la recherche de documents sur « les violences conjugales » et « la prostitution » pour le phénomène de la tournante.

 

• Première réunion de la commission le 5 décembre 2001. Plan d’ensemble de la recherche. Discussion autour des sens affiliés aux termes « tournante » et « viol collectif ». Acceptation du mot « tournante » pour la recherche.

 

1) décembre 2001 : une tournante à Perpignan. Une jeune fille de 11 ans est devenue l’objet sexuel de 12 garçons dont le plus âgé a 16 ans. Tout a commencé avec son petit ami et premier partenaire qui l’a incité à avoir des rapports sexuels avec d’autres. Les garçons du collège disent d’elle qu’elle était consentante, les filles qu’elle se vantait de coucher avec les garçons.

 

2) janvier 2002 : propositions du ministère de l’Éducation Nationale et de la Recherche. Un dossier intitulé « 30 propositions pour lutter contre les violences sexuelles dans les établissements scolaires » construit à l’occasion du colloque « violence à l’école et politiques publiques » (discours prononcé par le Premier ministre et le ministre de l’éducation nationale à l’UNESCO en mars 2001). En introduction au dossier : « les multiples phénomènes de violence qui bouleversent les clivages sociaux et touchent surtout les filles apparaissent inquiétants. : elles subissent le diktat d’aînées qui leur imposent des règles ou des codes écrasants, elles subissent enfin le mépris l’autorité et la violence des garçons qui portent sur elles un regard utilitaire. Cette déviation sexiste fondée sur l’oppression et la destruction traumatisante des jeunes filles trouve son point d’aboutissement dans une sexualité forcée ». Les propositions annoncées s’articulent autour des notions de respect du corps de la femme, l’estime de soi, les effets de la culture de bande, une éducation psychosociale dans le cadre de la relation amoureuse

 

• Deuxième réunion de la commission en janvier 2002. Élargissement du réseau d’informateurs (entretiens avec des salariées des associations directement partenaires, des commissaires, la PJJ, SOS Femmes, une commissaire et une avocate).

 

3) mars 2002 : des filles dites tournantes à Marseille. À l’occasion d’un reportage sur le travail de médiation aux proximités de collèges de Marseille pour la chaîne télévisuelle publique TMC, de jeunes médiateurs annoncent l’existence de filles dites tournantes dans les 13ème, 14ème, 15ème et 16ème arrondissements. Les pratiques s’effectueraient dans les immeubles des cités et sur une colline. Selon les médiateurs, les filles apparaissent aux yeux des garçons des collèges comme « consentantes », voire « nymphomanes ». Deux collégiennes nommées par des garçons « tournantes » sont connues des médiateurs. L’une des jeunes filles avouerait que son petit copain la force à avoir des relations sexuelles avec d’autres garçons. Elle habite chez ses parents, elle aurait tenté de se suicider

- une adolescente de 13 ans est « vendue pour 2 à 10 euros la passe » par un jeune de 17 ans à 6 garçons entre 14 et 17 ans à Roubaix. Le jeune est mis en examen pour proxénétisme aggravé.

 

• Troisième réunion de la commission en mars 2002. Décision de contacter les collèges de Marseille pour proposer des actions de prévention en direction des jeunes sur le thème de la sexualité. Constat au niveau des institutions relevant de la justice et de l’ordre public : aucune personne n’a entendu parler de cas de « tournantes » à Marseille.

 

4) avril 2002 : une information juridique. Une avocate travaillant avec SOS Viol nous renseigne sur le cas d’une jeune fille résidant dans le 15ème arrondissement de Marseille qui a déposé une plainte contre son petit ami. Il l’a forcé à avoir des relations sexuelles avec des jeunes hommes du même quartier. Elle vit chez ses parents.

À Aix-en-Provence, le même cas est enregistré par l’avocate ainsi qu’à Aubagne, Istres et Auriol.

 

5) mai 2002 : un viol en réunion. Huit adolescents lyonnais âgés de 14 à 16 ans ont été mis en examen pour « viols en réunion » d’une collégienne de 15 ans. Elle aurait été brusquement saisie par deux adolescents de son collège alors qu’elle se promenait avec deux copines. Le consentement prétendu de la victime est proclamé par les agresseurs, elle aurait subi deux agressions similaires deux mois auparavant. Tout lien affectif (flirt) avec l’accusé principal est nié par la victime. Elle a tenté de se suicider.

- 10 adolescents âgés entre 12 et 16 ans comparaissent devant le tribunal d’Aix-en-Provence pour le viol collectif en mai 2001 d’une femme de 36 ans.

 

• Quatrième réunion de la commission en mai 2002. Réflexion autour de la notion de « conjugalité ». Prévision d’un entretien avec SOS Femmes qui a entamé une procédure en vue de redéfinir le terme de « conjugal ».

 

6) juin 2002 : recherche pour le ministère de la culture et de la communication. Jean-Jacques Aillagon confie une mission d’étude concernant « l’impact de la violence à la télévision sur le public et sur les jeunes » suite au meurtre d’une lycéenne dont l’assassin affirme avoir été inspiré par le film Scream.

- enquête sur « les adolescents victimes de la dictature de la pornographie ». Dès l’âge de 12 ans, les garçons et la moitié des filles ont déjà visionné un film pornographique. Une banalisation inquiétante qui impose des modèles de domination, en privilégiant le plaisir masculin, en niant tout désir féminin et en banalisant la violence » (1324 collégiens interrogés). L’entrée dans la sexualité s’effectue de manière violente. Les jeunes ont de plus en plus de mal à différencier la réalité du fantasme, une bascule s’effectue directement du monde virtuel à l’acte. Le langage et les pratiques sont de plus en plus crus, sans préliminaires. Un sexisme violent naît chez les jeunes garçons, la violence et la suprématie masculine sont normalisées. Enfin on peut parler de frustration sexuelle dans un environnement culturel et médiatique sur sexué (publicités et films pornographiques).

 

• Cinquième réunion de la commission en juin 2002. Discussions sur l’ensemble de la recherche avant l’écriture du rapport. Présence des membres du Bureau du Collectif 13 Droits des Femmes.

 

7) juillet 2002 : proposition du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel : « une télévision sans pornographie pour protéger les enfants ».

Dominique Baudis, président du CSA, souhaite interdire la diffusion de films pornographiques à la télévision qui représente 950 films par mois sur le câble, le satellite. Canal+ (15 diffusions par mois) et AB groupe (chaîne XXL) ne veulent pas renoncer à la diffusion de ces films qui représente 10 % d’abonnés d’une télévision à péage. Le CSA a été interpellé par le collectif Ciem suite à la remise du rapport de recherche commandé par Ségolène Royal, ancienne ministre déléguée à la famille, et saisi par le ministère de la culture et de la communication sur le thème de l’environnement médiatique des jeunes entre 0 et 18 ans.

Résultats de la recherche : la pornographie et la violence à la télévision nuisent aux mineurs.

Des assistantes sociales consultées par le collectif interassociatif enfance, médias (Ciem) composé d’une centaine d’associations annoncent que « les perturbations induites par le visionnage de ce genre de programmes par de jeunes enfants peuvent induire des perturbations psychiques et des dérèglements de comportements analogues à ceux d’un abus sexuel. À propos de la pornographie, une industrie est en train de se développer qui banalise une image de la femme très dégradée, fait peu de cas du droit de très jeunes hommes et femmes qui y sont filmés, de leur humiliation, de leur protection sociale et du risque que cette industrie alimente des réseaux financiers illicites » Un film pornographique coûte à la réalisation que 5 % du prix d’un film traditionnel. Le véritable héros cinématographique est devenu le tueur en série présenté comme rusé et supérieurement intelligent, la violence comme la cruauté sont érotisées.

 

8) août 2002 : projet de Loi adopté par l’Assemblée nationale sur la délinquance des mineurs. On retient « une extension de la procédure du témoin anonyme qui permet de cacher aux prévenus l’identité d’un témoin et le placement en détention provisoire pour les 13-18 ans ainsi que des sanctions pour les 10-13 ans ». Ces deux tranches d’âge concernent directement la population qui agresse les femmes victimes de viols collectifs.

 

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Dernière modification : 26 novembre 2002